Ça se passe comment l’intégration en Andorre ? C’est vrai qu’intégrer un nouveau pays, ce n’est déjà pas simple mais l’Andorre est un cas à part au vu de sa petite taille. Avec pourtant 80 000 habitants, l’Andorre reste néanmoins un petit village catalan où tout le monde se connaît et où le cousin de votre boulanger peut s’avérer être le ministre de l’économie.
La barrière de la langue et cohabitation avec la population andorrane
En premier lieu, il est important de préciser que l’Andorre est vraiment comme je l’ai dit plusieurs fois une bulle au cœur de l’Europe avec un fonctionnement et un système complètement différent de ce que j’ai pu vivre en France.
La taille du pays est nettement plus petite que la France, la Suisse, l’Espagne ou même la Belgique ce qui fait que tout le monde se connaît, et que vous pouvez très bien croiser le chef du gouvernement à la papeterie du coin en bermuda un soir de mois de juin sans aucune sécurité policière où aucun garde du corps.
Maintenant, j’ai l’habitude de voir ce genre de choses mais c’est vrai que les premières fois où j’ai eu à faire à ce genre de situation, j’ai complètement buggé. En tout cas, l’Andorre c’est un pays catalan ou le catalan est la seule langue officielle. Même si c’est une co-principauté avec la France c’est la culture catalane qui prime par-dessus tout et ça se ressent nettement quand on arrive ici.
Après en Andorre, il y a 2 types de Catalans: il y a le catalan hispanophone et le catalan francophone. Les andorrans et même les expatriés à force d’habiter ici sont au minimum bilingue. D’autant plus quand les enfants grandissent ici, ils parlent en plus de leur langue maternelle au minimum l’espagnol, le catalan et l’anglais.
Du côté des andorrans c’est la même chose, il y a des andorrans qui sont catalans et qui parle aussi l’espagnol et il y a des andorrans qui sont plutôt Catalans français. Même si bons en général, les catalans qui parlent français parlent d’office en plus l’espagnol.
Ce qui fait qu’on ne sait jamais sur quel type de catalan on va tomber. Ce qui m’a étonné aussi ici, c’est que si vous demandez à un andorran s’il parle français pour lui parler en français, la plupart vous répondront qu’ils le parlent un peu, alors qu’en fait il le parle très bien et il le comprenne aussi extrêmement bien.
Concernant la barrière de la langue je pense que je l’ai quand même ressentie au début que je suis arrivée ici parce que je ne parlais ni l’espagnol ni le catalan mais je parlais quand même bien anglais.
Sauf que l’anglais n’est pas vraiment le fort des andorrans.
Le piège dans lequel on ne doit pas tomber, en tant qu’expatrié, quand on arrive ici c’est de rester qu’entre français, de se mettre des espèces de barrières invisibles en se disant qu’on n’est pas compris et de ne pas faire l’effort d’aller vers l’autre. Et c’est ce que j’ai vécu au début en Andorre : je n’osais pas prendre rendez-vous chez un médecin de peur de ne pas être comprise ou de ne pas tomber sur quelqu’un qui parlait français, je n’allais pas aux événements culturels ou aux fêtes andorrane, de peur de ne pas comprendre ou de ne pas me sentir à ma place.
Finalement ce sont des peurs qui ont été infondées, parce que beaucoup de personnes parlent et comprennent le français ici.
Aussi, j’ai entendu de tout sur les Catalans, sur internet j’ai même lu plusieurs fois qu’apparemment si on n’était pas catalan ou andorran on pouvait se faire refuser l’accès à des bars ou à des restaurants alors que c’est complètement faux. La Principauté est un pays cosmopolite et même les andorrans, ont aussi des racines issues d’autres pays du monde. De plus, je ne me suis jamais fait refuser l’accès à quelconques restaurants ou bars.
J’ai passé d’excellents moments ici en allant à des fêtes catalanes comme la festa major, qui est une fête qui se déroule dans chaque paroisse de l’Andorre durant l’été et je vous conseille vraiment d’y participer une année. En plus chaque paroisse a un style complètement différent et ça convient autant aux jeunes qu’aux familles qui veulent plus de traditions et d’authenticité dans ce genre de fêtes.
La culture catalane en Andorre
Quand on arrive en Andorre, ça peut être assez perturbant et surtout énervant. Un jour, le roi d’Espagne aurait apparemment dit que les andorrans n’ont pas de montre, mais un calendrier histoire d’imager la difficulté qu’ils ont à tenir des délais et des dates. Et ce n’est pas un mythe.
Quand un andorran, vous dit qu’il fera quelque chose un mardi, demandez lui quelle année ? Demandez-lui quel mois. Parce qu’ils n’ont pas la même notion que nous de la ponctualité. Et quand on arrive ici, on n’a pas d’autres choix que de s’y faire. C’est comme dans toutes les cultures, en l’occurrence, ÇA, ça fait partie de l’ADN des andorrans.
Au début, je ne croyais pas vraiment ce proverbe, mais que pendant mon installation en Andorre, quand j’ai commencé à recevoir mes meubles. J’ai vite compris que c’était une réalité ici. Je me rappelle par exemple que j’avais commandé un lit dans un magasin, qui devait être livré chez moi, par exemple un mardi à 10h. J’avais pourtant précisé les spécificités de mon logement avec un accès difficile pour monter ce genre de gros meubles. Et devinez quoi ?
Ils sont arrivés avec 45 minutes de retard, ce qui est normal pour eux et en plus ils ont même pas pu monter le matériel puisque ça ne rentrait pas.
Des exemples comme ça, il y en a des tas. Même dans l’administration, quand vous devez fournir des documents apostillés et qu’ils les rentrent informatiquement. Il arrive qu’il y ait des coquilles. Dans les noms et les prénoms. Et ça commence à devenir embêtant quand vous avez besoin de ces papiers pour d’autres démarches officielles parce qu’ils sont considérés comme non conformes…
En matière de nourriture, évidemment, il y a une gastronomie catalane plus que andorrane, même s’il y a quelques plats typiques d’ici. Mais bon, dans l’ensemble, l’Andorre reprend énormément de cuisine issue de la Catalogne : Notamment les tapas. Et je dois dire que pour la plupart, c’est vraiment très bon.
C’est un pays cosmopolite et il y a aussi énormément de restaurants. Issu d’autres gastronomies du monde. Ici, j’ai par exemple découvert, la cuisine Argentine, mais aussi des mélanges de cuisine diverses comme par exemple le restaurant japonais (JAPOMEX) qui propose un mélange de cuisine japonaise et mexicaine. Très bon restaurant d’ailleurs.
Concernant les valeurs des andorrans, Ils sont énormément tournés vers la famille. C’est un pays de montagne, qui a dû se développer de manière exponentielle comparé à des pays comme la France et l’Espagne et ça se ressens encore aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que ce sont des gens issus du travail de la terre avec des valeurs plutôt simples.
Mais les gens ici sont assez enfermés et ce n’est pas simple de se faire complètement accepter par une famille andorrane. Avoir la confiance et l’estime d’un andorran prend du temps. Quand je parle d’être accepté par un andorran, c’est d’intégrer son cercle privé, la vie quotidienne n’a rien à voir là-dedans.
Par contre, une fois que vous aurez gagné la confiance, l’amitié, et le respect d’un andorran, vous l’aurez à vie (à moins que vous ne rentriez en contradiction à un moment donné avec ses valeurs profondes). L’Andorran est loyal, et son cercle familial comprend aussi ses plus proches amis. Je sais que si j’ai un seul souci ici, je peux compter sur eux les yeux fermés.
La vie sociale en Andorre
Je trouve que les andorrans ne sont pas des gens qui sont naturellement ouverts à rencontrer d’autres personnes tout simplement parce que c’est un pays qui attirent beaucoup d’expatriés. Et on peut distinguer 2 types d’expatriés :
- ceux qui sont là pour le pays et le cadre de vie et qui veulent s’intégrer ;
- ceux qui sont là simplement pour la fiscalité et qui n’en ont vraiment rien à faire de l’Andorre.
Aussi les horaires de travail en Andorre sont différents comparés à la France, puisqu’ils ressemblent plus à l’Espagne. Certaines boutiques ne sont pas ouvertes l’après-midi généralement les salariés ont 2h de pause le midi, et il n’est pas rare que les gens terminent à entre 18h et 19h.
Ce que j’ai remarqué aussi c’est que les andorrans sont très familles, ils préféreront rentrer chez eux faire un bon repas en famille le soir plutôt que d’aller prendre un verre en ville avec leurs collègues après les journées de travail. Mais là encore rien n’est figé, avec le temps, je me suis fait des amis andorrans, tout comme des amis français et je pense que mon intégration dans le pays s’est quand même plutôt bien déroulée.
Parce qu’après plusieurs années je connais les paroisses, je connais les villes, les lieux les plus populaires, mais aussi les lieux touristiques où les locaux ne vont pas spécialement. Je me suis tout simplement acclimatée à ma nouvelle vie et j’ai l’impression d’avoir toujours vécu ici.
Je pense que l’Andorre n’échappe pas aux règles d’intégration commune aux autres pays d’expatrié : si vous avez envie de vous intégrer vous y arriverez d’une manière ou d’une autre. Souvent ça commence par une personne, qui va vous présenter à d’autres personnes et c’est comme ça que les relations vont se créer.
Après c’est certain que les endroits pour sortir ne sont pas aussi nombreux que ce qu’on pourrait croiser dans des grandes villes françaises ou même à Paris : ici si vous voulez sortir entre amis il y a quelques boîtes de nuit, beaucoup de bars, de restos mais aussi des salles d’arcade des bowlings.
Pour ce qui est du cinéma, c’est un peu plus compliqué puisque les films sont diffusés en espagnol ou en catalan. Certains sont même diffusés en version originale sous-titrée donc pratique pour les personnes à l’aise avec la compréhension de l’anglais ou encore des associations comme l’alliance des français en Andorre diffusent chaque mois des films français dans un cinéma en Andorre.
La notion de réseau en Andorre est super importante et ça j’ai mis beaucoup de temps à le comprendre. Quand on arrive ici et qu’on crée une nouvelle entreprise on a tendance à vouloir faire de la publicité, faire la promotion de son activité, mais ce n’est pas ça qui va vous ramener le plus de crédibilité et le plus de clients.
Le fonctionnement de l’Andorre est établi sur un système de bulles : vous allez entrer dans un réseau, dans une bulle, qui elle-même a des connexions vers d’autres réseaux et d’autres bulles et c’est comme ça que tout va se faire.
Attention par contre c’est à double tranchant, la mauvaise réputation passe aussi par ces bulles de réseau et donc les entreprises peu scrupuleuses de leur pratique ne passe pas inaperçues. En fait, l’Andorre est un pays à l’échelle d’un petit village.
Tout se sait d’une manière ou d’une autre.
Est-ce que je dirais que mon intégration en Andorre a été simple ?
Bien évidemment, chaque intégration se déroule de manière différente. Et avec le recul, je sais que j’aurais pu faire autrement. Je me suis mise toute seule des barrières et des aprioris alors que finalement j’aurais gagné du temps à me jeter sans filet dans la connaissance de la culture de mon nouveau pays et de ses habitants.
Sinon dans l’ensemble, je trouve que mon intégration a été simple. Le fait d’avoir intégré un groupe d’expatrié francophone m’a permis d’avoir mes premiers repères et de m’acclimater rapidement à ma vie ici. Mais le revers de la médaille, c’est que je me suis cantonnée à ce réseau de peur d’être incomprise ici.
Alors que ce n’était pas du tout le cas. Aujourd’hui, j’ai mon groupe d’amis ici, des connaissances que je croise en ville de temps en temps et c’est là que je me dis que j’ai réussi à me recréer une vie sociale en Andorre.
Le conseil que je pourrais donner à de futurs résidents en Andorre, ce serait simplement de rester ouvert aux rencontres, de sortir découvrir de nouveaux lieux et de nouvelles personnes. Vous trouverez des gens bons et des gens moins bons, comme partout. Mais cela en vaut la peine.